Conseil municipal du 30/04/15 – Développement économique Commerce
Le point consacré à la convention d’objectifs et de moyens de notre ville et Metz Métropole Développement est l’occasion de reparler de la situation du commerce en centre-ville.
J’entends déjà soupirer certains de vos adjoints, mais il faut bien se rendre à l’évidence votre optimisme cache mal la réalité vécue au quotidien par la grande majorité des commerçants messins. Et notamment les commerçants indépendants lesquels éprouvent de grandes difficultés, en dépit de la ritournelle des élus de votre majorité sur une frénétique dynamique commerciale à Metz.
Car, comme j’ai déjà eu l’occasion de le dire, ce n’est pas parce que des promoteurs viennent investir dans notre ville que le commerce, dans son ensemble, se porte bien … surtout si c’est pour déshabiller Pierre (le cœur historique) afin d’habiller Paul (le quartier de l’Amphithéâtre autour de Muse).
Et d’ailleurs, vous semblez en prendre tout doucement conscience puisque vous avez confié à un groupe d’étudiants un travail d’observation de la situation des commerces de centre-ville … ce que nous réclamions depuis longtemps, et ce dont nous ne pouvons que nous féliciter.
Monsieur le Maire, on ne peut continuellement être dans l’optimisme béat, et attendre d’hypothétiques effets positifs des projets commerciaux lancés tous azimuts dans notre agglomération. Il faut aussi agir et prendre des mesures qui permettront à Metz de garder sa renommée de « Metz la commerçante ».
Je souhaite en évoquer trois :
- Dans vos programmes électoraux de 2008 et de 2014 vous aviez évoqué la possibilité d’utiliser le droit de préemption concernant les fonds de commerce. Des villes de la taille de Metz y réfléchissent de plus en plus. L’idée n’est pas de vouloir tout contrôler mais de préserver les activités commerciales, et au-delà de maîtriser le développement des activités dans des secteurs stratégiques, où il y a de réelles fragilités commerciales (et je pense tout particulièrement au quartier outre-seille). Après 7 ans de mandat Monsieur le Maire, quel est l’état de vos réflexions ?
Vous pourriez pourtant vous appuyer sur les possibilités qu’offre la loi Artisanat-Commerce-TPE du 18 juin 2014, dite loi Pinel, laquelle a modernisé le droit de préemption des communes sur les fonds de commerce et donne davantage de leviers aux pouvoirs publics dans les territoires qui en ont le plus besoin. La loi a notamment instauré la possibilité de déléguer le droit de préemption à un établissement public ou un concessionnaire. Cela vaudrait sans doute la peine d’y réfléchir. De même, la réhabilitation du quartier en habillant les cellules vides, avec par exemple des trompe-l’œil, idée que j’ai évoquée à plusieurs reprises, vaudrait la peine d’être expérimentée. On pourrait même donner une vocation touristique à ce quartier et valoriser le travail d’artistes locaux …
- Autre sujet sur lequel je souhaiterais connaître vos intentions, c’est celui de l’innovation. Innovation à destination des commerçants afin d’accompagner leur passage à l’e-commerce, au m-commerce, ou dans la mise place d’une vraie stratégie cross-canal.
Les modes de consommation ont changé. Nous sommes certes à l’heure du digital, mais le commerce physique n’a pas dit son dernier mot. L’internet mobile représente sans doute aujourd’hui une opportunité extraordinaire pour réactiver l’attractivité du commerce physique en faisant d’internet la nouvelle porte d’entrée du magasin et en superposant parcours virtuel et expérience réelle.
Le choix de la thématique du dernier Hackathon organisé par Grand Est Numérique n’est pas le fruit du hasard, et les formidables projets développés durant ce week-end en sont la parfaite illustration. Il reste maintenant à avoir, avec la Fédération des commerçants, une vraie stratégie, laquelle aurait mérité d’être développée dans la convention d’objectifs et de moyens avec la fédération des commerçants qui nous est soumise aujourd’hui.
- Pour terminer Monsieur le Maire, je voudrais rapidement aborder la question de l’ouverture des commerces le dimanche.
Vous n’êtes pas sans savoir qu’une décision du tribunal administratif de Strasbourg, de début février, a remis en question près de 60 ans d’une « pratique » à laquelle les Mosellans ont montré leur attachement. Le Président du Conseil Départemental et le Préfet de Moselle ont ainsi entamé toute une série de discussions avec les organisations syndicales, les organisations professionnelles, les chambres consulaires, les maires des villes de Moselle, afin d’aboutir à un nouveau dispositif organisant, pour l’avenir, l’exploitation dominicale des activités commerciales en Moselle.
D’après mes informations, la ville de Metz n’était pas représentée à la réunion du 22 avril dernier. Il est regrettable que sur un sujet aussi important, personne de l’exécutif municipal n’ait pu se rendre disponible ce jour-là pour exposer la position du maire de la première ville du département.
Monsieur le Maire, nous vous avons rarement entendu sur ce sujet. Sujet pourtant ô combien stratégique dans un contexte marqué par l’évolution de la société, de ses modes de vie et de consommation (la Moselle du milieu des années 50 n’est pas celle de 2015), ainsi que par les phénomènes de concurrence entre les territoires, accentués par la loi Macron et les décisions récentes du gouvernement Luxembourgeois autorisant l’ouverture des commerces tous les dimanches jusqu’à 19 heures.
Peut-être pourriez-vous informer le conseil municipal sur votre vision de l’évolution éventuelle des règles organisant l’ouverture des commerces le dimanche en Moselle …
En attendant, je souhaite formuler ce soir une demande officielle. Conformément au code du travail, le Préfet de Moselle (compétent pour Metz) peut autoriser l’exploitation des commerces pendant 10 heures les dimanches pour lesquels les circonstances locales rendent nécessaire une activité accrue.
Du 23 au 30 aout prochain auront lieu les traditionnelles fêtes de la Mirabelle. On ne peut sans doute pas faire plus locales comme circonstances … aussi, il me semblerait opportun, en lien avec la Fédération des commerçants, qu’une demande soit faite auprès du Préfet afin d’autoriser les commerces à ouvrir soit le 23 aout, soit le 30 aout.
Et ce serait une excellente occasion de réaffirmer la vocation touristique de notre ville.