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Commerce, le difficile équilibre entre centre-ville et périphérie

Commerce, le difficile équilibre entre centre-ville et périphérie

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On le sait, le commerce messin ne se porte pas très bien. Certains évoquent le chiffre édifiant de 300 cellules commerciales vides … info ou intox ? Peu importe, il suffit juste d’arpenter les rues du centre-ville pour avoir un aperçu de l’étendue des dégâts.

Mais ce phénomène n’est pas propre à Metz, il a même été au cœur de la dernière campagne des municipales dans de très nombreuses villes, petites, moyennes et grandes … Ce fut le cas en Moselle, notamment à Thionville et à Forbach. Et pour cause, ce sujet touche de près à la question de l’image, de l’attractivité de nos villes, et au final à celle de l’emploi.

La fédération pour l’urbanisme et le développement du commerce spécialisé, dans une étude publiée en octobre 2013, a alerté sur la situation alarmante d’une cinquantaine de centres-villes affichant un taux de vacance de plus de 10%. Taux de vacance moyen en France qui est par ailleurs passé de 6 à 8% entre 2001 et 2013. Ce serait ainsi plus de 8.500 magasins en commerce de détail qui auraient fermé en 2013 selon le Cabinet Altares.

Différentes raisons peuvent expliquer cette extrême fragilité des commerces de « cœur de ville ». Des raisons conjoncturelles tout d’abord liées à la grave crise économique que nous connaissons, obligeant le consommateur à opérer des arbitrages dans ses actes de consommation, mais également des raisons profondément structurelles qui vont nécessiter un changement de paradigme, sauf à voir disparaître tout simplement nos centres-villes :

  • Le développement de l’e-commerce, lequel présente une vraie facilité d’achat. Accessible tous les jours, 24 heures sur 24, et proposant souvent des tarifs très compétitifs (via des ‘sites comparateurs de prix’), ce nouveau mode de consommation constitue indéniablement une vraie concurrence pour les commerces traditionnels indépendants. En France, la croissance de ce secteur est bien réelle et devrait se poursuivre, voire s’amplifier dans les années à venir, notamment sous l’impulsion de la jeune génération, plus familière des nouveaux outils de communication (smartphones) que les générations les plus anciennes. Le smartphone devient un outil mobile de vente qui suit le consommateur dans chacun de ses déplacements. Il a aujourd’hui vocation à faciliter le quotidien de l’utilisateur, il influencera demain ses comportements d’achat (m-commerce). D’ici 2020, les parts de marché d’e-commerce pourraient ainsi représenter le quart de l’ensemble du commerce ;
  • Le difficile accès aux centres-villes et la chasse aux voitures, que mènent de nombreuses municipalités, ont également un impact négatif sur l’activité commerciale. Qu’il s’agisse de l’insuffisance du nombre de places de stationnement, ou des tarifs prohibitifs, tout cela n’incite guère le consommateur à venir dépenser dans nos cœurs de ville. Ainsi à Metz, l’heure de stationnement dans les parcs publics est en moyenne d’1,50 €, soit tout de même 6 € pour quatre heures de shopping … Une somme loin d’être neutre dans le budget « contraint » de nombre de familles. Et le METTIS me direz-vous ? Celui-ci ne répond que partiellement aux attentes des consommateurs non-messins, lesquels vont privilégier la proximité qu’offrent encore les parkings de centre-ville. Nous sommes donc bien loin de l’objectif « ambitieux » affiché par René Darbois (ancien adjoint en charge du développement durable), il y a quelques mois encore, à savoir « saturer les parkings relais » ! ;
  • Des centres-villes qui se sont de plus en plus uniformisés, « aseptisés », avec l’implantation de grandes enseignes et franchises que l’on retrouve également dans les grandes zones commerciales de périphérie. Dès lors, si les centres-villes proposent la même offre commerciale et « le même visage » qu’en périphérie, mais avec beaucoup moins de facilité d’accès, comment reprocher au consommateur d’aller faire ses emplettes ailleurs ?

Et autant dire qu’en la matière le consommateur dispose d’un large choix tant les zones commerciales de périphérie se sont développées au cours des deux dernières décennies, et notamment dans l’agglomération messine où la densité commerciale est l’une des plus élevées de France : 1.412 m²/1.000 habitants, contre 961 m² à l’échelle nationale (données IFLS/Densité commerciale 2012).

Depuis 2008, ce sont près de 385.000 m² supplémentaires qui ont été autorisés en Moselle par la commission départementale d’aménagement commercial (CDAC), pour seulement 55.000 m² de refus … cherchez l’erreur ! Tant que la décision sera de la responsabilité des seuls élus locaux, et tant que la régulation commerciale ne sera pas anticipée dans le cadre des documents d’urbanisme et des schémas de cohérence territoriale, il y a fort à parier que l’extension démesurée des zones commerciales se poursuive.

Mais qui sait, le salut viendra peut-être de la combinaison des lois ALUR (Loi sur l’accès au logement et la rénovation de l’urbanisme rénové) et Pinel (relative à l’artisanat, au commerce et aux très petites entreprises), adoptées respectivement en mars et juin de cette année …

Notre département a vu ainsi fleurir un peu partout des projets aux dimensions « pharaoniques » : Grand FARE à Farébersviller (28.600 m² dont un supermarché de 8.000 m², 48 boutiques), Terville Green Center à Terville (23.879 m² pour 30 cellules commerciales) et enfin le projet Waves Actisud au sud de Metz avec ses 40.000 m² de surface commerciale utile.

Difficile de reprocher pourtant aux différents promoteurs de ces « projets de la démesure » de vouloir faire des affaires et de s’adapter aux évolutions des modes de consommation.C’est le cas notamment pour le projet Waves qui proposera dès 2015 un véritable « lieu de vie » à ses clients en mettant à leur disposition 2.500 places de parking gratuites, des navettes électriques, de quoi se restaurer, se divertir, et bien entendu consommer.

80 millions d’euros d’investissement, serait-ce le prix à payer pour détourner durablement le consommateur des sirènes de l’e-commerce ? Pas certain, mais seul l’avenir nous le dira … en attendant, le commerce de centre-ville poursuit sa lente agonie !

Difficile de reprocher également aux élus locaux de répondre favorablement à des projets d’aménagement commercial générateurs d’emplois (400 annoncés pour le projet Waves) et pourvoyeurs de recettes fiscales supplémentaires, dans une période où la suppression d’activités et d’emplois est plutôt devenue la norme dans notre région. Pour autant, je ne fais pas preuve du même enthousiasme que les élus messins car s’agissant des emplois créés, tous ne seront pas des créations nettes. En effet, nous savons d’ores et déjà qu’il y aura transfert de certaines activités du centre-ville de Metz, voire de la zone Actisud elle-même et des ZAC alentours, vers le nouveau centre commercial.

Loin de moi l’idée de vouloir opposer commerces de centre-ville et commerces de périphérie. Il est sans doute nécessaire de rechercher une complémentarité et d’avoir une vision d’ensemble de l’offre commerciale sur l’agglomération messine. Sauf que la situation est particulièrement préoccupante … Elle l’est à Metz (centre-ville, ZAC de l’Amphithéâtre,Metzanine), mais elle l’est tout autant dans les zones commerciales situées à l’entrée sud de la ville, où le taux de vacance est relativement élevé, et où la perspective de voir se développer de futures « friches commerciales » est importante. Gérer les flux d’extension des zones commerciales est une chose, anticiper la reconversion des parcelles en friche en sera une autre …

Et les commerçants du centre-ville de Metz dans tout ça ? Ils souffrent, et se désespèrent sans un doute un peu de l’absence de mesures concrètes afin de les aider à passer le cap de ces mutations, même s’il leur faudra, à un moment ou à un autre, remettre en question leurs propres « pratiques commerciales » (qualité de l’accueil, adaptation des heures d’ouverture et notamment l’ouverture méridienne, politique des prix, …).

Durant le précédent mandat la ville de Metz a dépensé beaucoup d’argent dans la mise en place d’outils de développement économique, dont on peine encore à entrevoir la moindre plus-value. Il serait peut être temps de prendre réellement la mesure du problème, et d’avoir une vraie vision stratégique à l’échelle de Metz, et de son agglomération :

  • Une stratégie de recherche d’investisseurs, qui devrait être du ressort de l’agence Metz Métropole Développement  (benchmark des enseignes de centre-ville, action concertée pour inciter les enseignes à venir s’installer à Metz, …) ;
  • Une stratégie d’innovation à destination des commerçants afin d’accompagner leur passage à l’e-commerce, au m-commerce, ou dans la mise place d’une stratégie cross-canal ;
  • Une stratégie d’image et d’attractivité : l’amélioration de la qualité de séjours des clients passe forcément par une optimisation de l’image de la ville (animation du centre-ville, tranquillité/sécurité, propreté) ;
  • Une stratégie d’accessibilité au centre-ville avec des tarifs de stationnement plus attractifs (modulation en fonction des heures, des jours, des événements commerciaux, …), et une meilleure visibilité de l’offre de transport collectif (signalisation des parkings relais METTIS aux entrées de Metz).

Enfin, la ville de Metz pourrait montrer un intérêt à la future expérimentation des contrats de revitalisation artisanale et commerciale créés par la loi Pinel. Ces contrats, expérimentés sur une durée de cinq ans, vont concerner les zones caractérisées par une disparition progressive des activités commerciales, un développement de la mono-activité au détriment des services et commerces de proximité, ou par une dégradation de l’offre commerciale. Mis en œuvre par un opérateur choisi par la collectivité, ces contrats permettront également de recourir plus aisément au droit de préemption, selon une procédure adaptée.

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