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Le Monde : Article du 14 novembre

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Actualités européennes 🇪🇺

Dans le journal “LeMonde” je demande « Aux États Membres de prouver maintenant que les grands discours seront suivis d’effets. À eux de s’investir et de prouver qu’ils souhaitent également un programme faisant de l’Union un espace où la santé des citoyens est la priorité ».

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Le Parlement européen approuve le plan d’action de l’UE pour la santé et se propose de l’approfondir

Les eurodéputés ont voté, vendredi 13 novembre, des propositions visant à mieux affronter de futures menaces sanitaires et à réduire la dépendance pharmaceutique des pays de l’UE. Les négociations se poursuivent entre institutions européennes et Etats membres.

Par Jean-Pierre Stroobants Publié le 13 novembre 2020 à 21h14

Après les rudes leçons tirées de la pandémie, l’Union européenne tente décidément de se mobiliser sur les questions de santé. Son plan d’action 2021-2027 (EU4Health) a franchi une nouvelle étape, vendredi 13 novembre, avec le vote, par les eurodéputés, de leur rapport approuvant ce projet, mais l’assortissant de conditions – financières notamment.

Présenté par ses auteurs comme « ambitieux et à long terme », le texte du Parlement inclut une série de nouvelles propositions visant à mieux affronter de futures menaces sanitaires, à réduire la dépendance pharmaceutique des pays de l’Union, et à instaurer une meilleure collaboration entre eux. Avec l’espoir que les Etats membres, moteurs du trilogue Conseil-Parlement-Commission, embraieront.

« Aux Etats de prouver maintenant que les grands discours tenus durant cette crise sanitaire seront bien suivis d’effets. À eux de s’investir et de prouver qu’ils souhaitent également un programme faisant de l’Union un espace où la santé des citoyens est la priorité », souligne Nathalie Colin-Oesterlé, députée française du Parti populaire européen, et autrice d’un récent rapport visant à éviter des pénuries de médicaments et d’équipements. Pour soutenir son projet, la Commission avait initialement déterminé un montant de 9,4 milliards d’euros (comptant pour une part du Cadre financier pluriannuel (CFP), le futur budget de l’Union). Les longues discussions du mois de juillet, animées notamment par les réticences des pays « frugaux » à dépenser davantage, avaient abouti à ramener ce montant à 1,6 milliard.

« Pharmacie européenne »
La deuxième vague de l’épidémie amènera-t-elle certaines capitales à considérer que cette enveloppe est insuffisante ? Le Parlement européen aurait aimé, lui, en revenir à la proposition de départ de 9,4 milliards, mais les discussions qu’il a par ailleurs menées sur le CFP l’ont amené à accepter un compromis, jugé raisonnable, à 5,1 milliards. Ce serait en tout cas dix fois plus que le montant de 449 millions qui avait été fixé pour la période 2014-2020. La Commission de l’environnement, de la santé publique et de la sécurité alimentaire (ENVI) de l’assemblée de Strasbourg avait voté une série d’amendements au texte initial et déterminé une série d’exigences qui presque toutes se retrouvent dans le rapport final.

Eviter les pénuries de médicaments et de matériel est l’un des piliers de ce programme, avec la constitution de réserves d’urgence et l’idée d’une « pharmacie européenne » pouvant stocker des médicaments essentiels et des vaccins. Mme Colin-Oesterlé a suggéré, en outre, la création d’établissements pharmaceutiques à but non lucratif. « Ils produiraient, sans vouloir la concurrencer, ce que l’industrie pharmaceutique ne produit plus parce que des médicaments sont sortis des brevets et deviennent donc non rentables tout en demeurant essentiels », explique l’eurodéputée. « Il faudra revenir à cette idée », dit-elle, peut-être avec l’appui de la Commission.

Le Parlement invite aussi à lancer des actions visant à vaincre les hésitations à l’égard de la vaccination. Comment ? Par des campagnes de lutte contre la désinformation, mais aussi « en évitant toute polémique sur ce sujet essentiel, estime la députée française. Il faut en tout cas se garder [du moindre] jugement hâtif en attendant la validation par nos agences sanitaires. Cela ne ferait qu’amplifier la méfiance ».

Lors des négociations à venir, les députés européens formuleront d’autres demandes encore : la garantie d’un accès de tous à la santé, une meilleure coordination des politiques de santé entre les pays membres, et des « tests de résistance » pour des systèmes qui viennent de démontrer leurs faiblesses. Les députés réclament aussi une stratégie européenne pour le personnel soignant, afin d’organiser une réelle mobilité. Le tout sera couplé à l’ambition d’établir une « souveraineté européenne », dont la première vague de Covid-19 a cruellement démontré l’inexistence.

Jean-Pierre Stroobants(Bruxelles, bureau européen)