Metz – Camp de migrants à Blida : ma lettre au président de la République
Metz, le 02 août 2017,
Monsieur le président de la République,
La honte s’empare de l’élue, mais surtout de la citoyenne française, de la mère de famille, de la femme que je suis. La honte et la colère.
Depuis plusieurs années, des centaines de migrants affluent toutes les semaines dans notre ville, Metz, désignée comme guichet d’accueil des demandeurs d’asile pour toute la Lorraine.
Depuis plusieurs années, ils vont de campements sauvages en abris de fortune, suscitant inquiétude et désarroi face à cette misère ambulante.
Inquiètes pour la réputation et l’image de la ville, les autorités ont préféré rassembler ces familles sur un parking désaffecté, à l’abri des regards, éloigné de quelques centaines mètres du centre historique de Metz et des festivités estivales qui font la fierté de nos édiles. C’est le camp de l’avenue de Blida. Le camp de la honte.
Jusqu’à sept cents personnes y vivent dans des conditions insalubres, misérables, au milieu des rats, des eaux usées dans lesquelles jouent les enfants, lorsqu’ils ne dorment pas au milieu des ordures.
Il ne s’agit pas ici de réfugiés politiques ; ils ne fuient pas des pays en guerre mais viennent, pour la très grande majorité d’entre eux, des Balkans et sont à la recherche d’une situation économique meilleure.
Après le démantèlement du camp de Calais, l’an dernier, le président Hollande avait affirmé qu’il n’y aurait nulle part en France, plus jamais, de petit Calais. Une promesse de plus dont nous nous serions bien passés.
Monsieur le président, je vous ai écouté la semaine dernière lors de votre passage à Orléans. Le discours que vous y avez prononcé m’a rassurée tout comme votre volonté d’agir pour mettre un terme, enfin, à ces drames humains.
Ainsi, vous y avez annoncé que plus aucune personne ne serait dans la rue d’ici à la fin de l’année, avec l’accélération réelle des procédures d’instruction des demandes d’asile, et une politique efficace de reconduite à la frontière pour toutes les personnes déboutées. Tout cela va évidemment dans le bon sens.
Mais, monsieur le président, attendre la fin de l’année ne peut se concevoir chez nous, dans ce camp de Metz Blida où règne l’inimaginable si l’on en croit les derniers témoignages recueillis: viols, violences en tous genres, épidémies et autres risques sanitaires.
Monsieur le président, je veux croire en votre sincérité et votre volonté de changer les codes, de faire de la politique autrement.
Alors je vous demande, sans autre formalisme et avec la plus grande simplicité, de venir sur place, à Metz, vous rendre compte par vous-même de ce qu’il s’y passe depuis bien trop longtemps, dans la plus grande indifférence. Votre présence ici serait ressentie comme un véritable signe de changement et d’espoir, une prise de conscience réelle de la gravité de la situation.
Je serais très honorée que vous répondiez favorablement à cette demande, qui est avant tout un cri du cœur.
Espérant vous convaincre de l’urgence et de la pertinence de ma requête, je vous prie de croire, Monsieur le président de la République, en mes sentiments très respectueux et dévoués.
Nathalie Colin Oesterlé
Vice Présidente du Conseil départemental de la Moselle
Conseillère municipale de Metz
Conseillère communautaire de Metz Métropole